Beaucoup de chercheurs et scientifiques se sont penchés sur les
lois physiques qui régissent le déplacement d'une pierre de curling.
La dernière étude en 2017 est celle de
Gaétan Mancini
Elle est à conseiller aux insomniaques. La lecture de ses 61 pages
permet de s'endormir à coup sûr en révant de . . .
Rachel Homan !
Pourquoi Eve Muirhead regarde toujours ses pieds pendant le
slide de ses partenaires ?
Je ne sais pas !
Probablement, pour ne pas être influencée par la vitesse "apparente"
du slide ?
La première chose à comprendre est le phénomène
physique qui régit le déplacement d'une pierre de curling.
Et là, nous entrons dans les lois de l'hydro-dynamique.
Prenons un objet reposant sur une surface plane et présentant un léger
chanfrein à l'avant. Faisons déplacer cet objet sur une surface
horizontale recouverte d'une fine couche de liquide. A partir d'une
certaine vitesse, le liquide va former un "coin" qui va soulever notre
objet. Ce dernier va alors "flotter" sur l'eau.
C'est ce phénomène qui provoque l'aquaplaning en voiture et permet
aussi au villebrequin de votre moteur de fonctionner sans aucune usure
pendant 100 000 km soit la bagatelle de 50 millions de tours...
Au curling, c'est pareil, mais à l'envers. La pierre est
lancée à une vitesse suffisante pour qu'elle "flotte" sur la glace en
créant son propre film d'eau. Avec le curl du départ, elle
décrit une courbe à grand rayon jusqu'au point A. Mais sa
vitesse diminue régulièrement durant ce trajet. A un moment prècis, au
point de rupture A, le film d'eau qui soulèvait la pierre se
rompt et la pierre repose directement sur la glace. Dès lors, la
pierre va ralentir immédiatement et curler énormément.
Les balayeurs doivent deviner ce point de rupture A et
l'anticiper. L'erreur classique des débutants est de croire que "tout
va bien", que la trajectoire et la vitesse sont bonnes, jusqu'à la
surprise de voir la pierre ralentir et changer brusquement de
trajectoire.
Et les bons skips sont ceux qui savent jouer de ce phénomène.
Lorsqu'on entend des "yeap" et "no" en alternance,
cela signifie que le skip fait reprendre la trajectoire d'origine et
"flottante" puis l'arrête. C'est comme cela qu'il joue avec les
centimétres pour positionner la pierre au bon endroit.
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Regardons une pierre en mouvement, aprés que le lanceur l'ait
libérée: Décomposons ce mouvement grâce à la représentation vectorielle: Elle est animée d'une vitesse linéaire V et d'un curl C. |
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Regardons maintenant ce qui se passe sous la pierre en la
rendant transparente. La pierre est en contact avec la glace par un cercle (voir page balayage) qui définit une zône de contact. |
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En représentation vectorielle, on peut diviser la vitesse V en deux vitesses V1 et V2 correspondant à deux moitiés de pierres. |
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De même le curl C peut être représenté par deux petits vecteurs opposés C1 et C2, de part et d'autre du centre de la pierre. |
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Ce qui nous donne la représentation ci-contre. Et là, la magie va opérer: nous allons additionner les vecteurs V1 et C1, ainsi que les vecteurs V2 et C2. |
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Nous voilà maintenant avec notre pierre animée par un vecteur
de petite vitesse et un vecteur de grande vitesse.
OK ? Et là, c'est le moment de réfléchir.... Reprenons le moment du point de rupture A et devinez à quel endroit il va se produire ? Et oui ! au niveau de la petite vitesse, et de la petite vitesse d'abord ! C'est pour cela que notre pierre va brutalement ralentir et curler du coté du curl de départ. |
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Et mieux encore: Lorsque la pierre frotte au niveau du point A de la petite vitesse, l'inertie agissant au niveau de son centre de gravité, fait tourner la pierre autour du point A, ce qui provoque une augmentation de la grande vitesse. C'est pour cela que le mouvement de curl final ne fait que s'accentuer jusqu'à l'arrêt complet. |
Si vous ne mettez pas de curl au départ, les deux vitesses PV et GV seront identiques au point de rupture A. La pierre va aller n'importe où, curler à l'intérieur ou à l'extérieur, au gré de l'état de surface de la glace.